Crepidula fornicata
Informations
Cette espèce est un filtreur présent dans les baies côtières et les estuaires abrités, parfois dans des environnements à faible salinité. Elle se fixe sur d'autres coquilles ou sur les substrats durs situés sur les fonds vaseux, sablonneux et graveleux, à l'étage infralittoral jusqu'à des profondeurs d'environ 30 m. Elle peut également survivre à des périodes prolongées hors de l'eau, surtout si elle est exposée à des températures glaciales, et dans des eaux polluées où la turbidité est particulièrement élevée.
La Crepidula fornicata est hermaphrodite, changeant de sexe au cours de sa vie. Les femelles couvent les oeufs qui sont fécondés en interne par des mâles empilés sur elles. En général, quelques femelles de grande taille sont à la base et plusieurs mâles plus petits s'empilent pardessus. Les oeufs protégés dans des capsules éclosent sous forme de larves planctoniques qui, après une brève période larvaire, se fixent sur un substrat dur en réaction à une substance chimique soluble dans l'eau, secrétée par les adultes. Elles se fixent à un empilement et arrivent à maturité en tant que jeunes mâles au bout de deux mois environ ; ensuite, elles subissent un changement de sexe pour devenir des femelles. Parfois, des individus solitaires (ne formant pas d'empilements) peuvent être observés ; dans ce cas, ils s'autofécondent.
La C. fornicata peut être confondue avec les espèces autochtones Crepidula gibbosa et Crepidula unguiformis.
La C. gibbosa possède une coquille plus arrondie et convexe dont la surface est rugueuse et caractérisée par des bandes brun clair, alors que la C. unguiformis possède une coquille blanchâtre de forme plus allongée dont la surface est plus plate.
Originaire de l'ouest de l'Atlantique, de l'estuaire du Saint-Laurent jusqu'au nord du Mexique, cette espèce a été observée pour la première fois en Europe sur la côte ouest de la Grande-Bretagne en 1872. Elle a probablement été introduite avec la culture des naissains d'huîtres et s'est ensuite propagée le long des autres côtes européennes. La crépidule peut également se propager éventuellement par encrassement des navires (dans les communautés encroûtant les coques) ou en se fixant sur des objets flottants et les déchets marins. En Méditerranée, elle a été signalée pour la première fois dans le sud de la France (lagune de Thau) en 1982. Depuis, elle a suivi le même chemin que l'huître creuse du Pacifique (Crassostrea gigas), ayant également été signalée à Malte, en Italie et en Grèce.
Ses colonies à forte densité (jusqu'à plusieurs milliers d'individus par mètre carré) ont des effets considérables sur la faune et la flore macrobenthiques, car elles entrent en concurrence avec d'autres invertébrés filtreurs pour prendre possession de la nourriture et elles augmentent les émissions de carbone. De plus, la production de matières fécales et pseudo-fécales en grandes quantités, augmentant les dépôts vaseux, peut avoir un impact considérable sur la composition des sédiments et le biote associé (comme l'algue coralline libre).
Un impact positif inattendu est le fait que ses activités alimentaires pourraient empêcher la prolifération d'algues nocives.
La crépidule peut devenir un parasite pour les installations ostréicoles et mytilicoles commerciales, réduisant la productivité de l'aquaculture et des sites de récolte naturels. Des coûts supplémentaires sont associés au tri et au nettoyage des coquilles encrassées par la C. fornicata avant la commercialisation. Cette espèce encrasse aussi les équipements et les structures construites par l'homme.