Limnoperna (Xenostrobus) securis
Informations
Cette espèce est présente exclusivement dans les estuaires et les lagunes et on la trouve souvent avec la moule Mytilus galloprovincialis sur tout type de substratum dur immergé ou partiellement émergé ou bien sur des coquillesd'huîtres, et parfois sur des fonds sablonneux et vaseux dans les crevasses et les cavités. Ce filtreur se nourrit de plancton microscopique et de particules organiques. Ces petites moules forment des amas denses pouvant être composés de 50 000 individus par mètre carré, en se fixant sur le substrat grâce à de solides filaments.
Les adultes peuvent survivre plusieurs jours hors de l'eau ; ils supportent une grande amplitude de salinité, de concentration d'oxygène et de température. Cette espèce n'est pas présente dans la mer ni dans les parties en amont des estuaires où la salinité est constamment élevée.
La facilité de reproduction de cette espèce explique en partie son succès en tant qu'envahisseur. C'est une espèce qui se développe rapidement et sa durée de vie est courte puisqu'elle vit 1 an seulement en moyenne, voire 2–3 ans. La fécondation a lieu dans la colonne d'eau et les larves flottant librement se dispersent avec les courants, facilitant la colonisation de nouveaux habitats.
La Limnoperna securis ressemble à l'espèce Mytilaster minimus courante en Méditerranée. La grande différence entre les deux est que la L. securis : 1) possède généralement une coquille plus foncée ; 2) est plus mince et plus allongée, tandis que la M. minimus est de forme plus trapue ; 3) possède une coquille interne dépourvue de dents au niveau de la charnière des deux valves ; 4) est adaptée aux environnements à faible salinité, contrairement à la M. minimus qui est présente dans les eaux marines.
Originaire du sud-est du Pacifique (Nouvelle-Zélande et sud de l'Australie), la L. securis a été signalée pour la première fois en Méditerranée en 1992 en Italie (dans le delta du Pô). Depuis, elle a été observée dans des lagunes côtières et des estuaires en France, en Italie (mers Tyrrhénienne, Ligurienne et Adriatique) et en Espagne (nord de la Catalogne). Elle a été introduite accidentellement avec des naissains de bivalves destinés à l'aquaculture mais elle peut également se propager dans les eaux de ballast des navires (eau introduite et rejetée par pompage pour ajuster la flottabilité du navire) ou par encrassement de la coque des navires (dans les communautés encroûtant les coques).
Considérée comme l'une des espèces exotiques les plus envahissantes en Europe (Agence européenne pour l'environnement, 2007), son comportement grégaire et ses populations très denses vivant sur les fonds vaseux peuvent étouffer les communautés benthiques autochtones. En raison de ses taux de filtration élevés, cette espèce peut affecter le cycle des nutriments, réduisant la nourriture disponible pour les autres filtreurs ; elle est donc une concurrente de taille pour les espèces autochtones. Elle peut aussi engendrer des modifications des caractéristiques physico-chimiques de l'habitat et affecter la turbidité et la sédimentation.
L'impact économique de cette espèce n'a pas encore été quantifié mais il est fort possible que la forte concurrence entre les espèces ait des effets néfastes pour la culture et la récolte des bivalves. En envahissant les mollusques récoltés commercialement, en particulier la moule Mytilus galloprovincialis, elle peut réduire leur croissance et leur rendement. La L. securis peut agir en tant qu'hôte clé pour les pathogènes des espèces cultivées commercialement. Sa croissance rapide peut contribuer à l'encrassement des structures immergées, des pipelines,des cordages et des coques de navires.
http://www.ciesm.org/atlas/Xenostrobussecuris.html
Barbierie et al., 2011. New records of the pygmy mussel Xenostrobus securis (Bivalvia: Mytilidae) in brackish-water biotopes of the western Mediterranean provide evidence of its invasive potential. Marine Biodiversity Records, Vol 4, 1-4